mercredi 6 mai 2009

Pyramide : "Substantif féminin. Corps solide à plusieurs côtés, qui s'élève en diminuant toujours, et qui se termine en pointe"

Telle est la définition que l'on trouve dans Le grand vocabulaire français de Joseph Nicolas Guyot, Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort et Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye, publié par C. Panckoucke en 1772.
Ce texte a été numérisé par Google Books, à partir de l'exemplaire Université d'Oxford.
J'ai rétabli de nombreux mots selon leur graphie actuelle.
Pyramide : substantif féminin. Corps solide à plusieurs côtés, qui s'élève en diminuant toujours, et qui se termine en pointe.
Les pyramides d'Égypte, qui sont au nombre de trois, sont fameuses dans l'histoire. Si l'on en croit Pline, trois cent soixante mille hommes ont travaillé pendant 10 ans à la plus grande de ces pyramides, savoir, dix ans pour apporter les pierres, et dix ans pour la bâtir. Il dit aussi qu'on dépensa dix-huit cents talents en raves et en oignons, mets favoris des Égyptiens. Cette pyramide a été bâtie il y a plus de trois mille ans par un roi d'Égypte appelé Chemmis. Elle est d'une hauteur si considérable que sa pointe paraît seulement un peu émoussée, quoiqu'il y ait une place fort grande au sommet, qui peut contenir quarante personnes. Sa forme est carrée, et sa base prise sur la surface de la terre a onze cent soixante pas, ou cinq cent quatre-vingt toises de circuit. Toutes les pierres qui la composent ont trois pieds de haut sur cinq ou six de long, et les côtés qui paraissent en-dehors sont tout droits, et par conséquent sans talus.
Pour former la pyramide, chaque rang de pierre diminue en largeur d'environ neuf à dix pouces ; cela fait des avances qui servent à grimper au sommet. Cependant les pierres sont si bien jointes ensemble qu'à peine on peut en apercevoir les joints ; ce qui prouve que dans ces temps reculés, l'art de bâtir n'était point au berceau. On doit encore inférer de tout cela une autre connaissance que les Égyptiens possédaient : c'est celle des machines pour porter, à une hauteur si prodigieuse, des pierres d'une grosseur aussi excessive que celles qu'on y voit encore.
Les pyramides d'Égypte sont environ à neuf milles du Caire, et on les aperçoit dès que l'on est sorti de la petite ville de Dezizes qui en est à six milles. De leur sommet on découvre une partie de l'Égypte, le désert sablonneux qui s'étend dans le pays de Barca, et ceux de la Thébaïde de l'autre côté.
Il paraît que les pyramides ont été bâties pour servir de tombeaux à ceux qui les ont élevées : Diodore de Sicile et Strabon le disent clairement, les Arabes le confirment, et le tombeau qu'on voit encore aujourd'hui dans la plus grande pyramide met la chose hors de doute. Si l'on cherche la raison qui porta les rois d'Égypte à entreprendre ces grands bâtiments, Aristote insinue que c'était un effet de leur tyrannie ; Pline pense qu'ils les ont élevées en partie par ostentation, et en partie pour tenir leurs sujets occupés et leur ôter les occasions de penser à quelque révolte. Mais quoique ces raisons puissent y être entrées pour quelque chose, on croit trouver la principale dans la Théologie même des Égyptiens.
Servius, en expliquant cet endroit de Virgile : Animamque sepulchro condidimus, assure que les Égyptiens croyaient que l'âme demeurait attachée au corps tant qu'il restait en son entier. Ces peuples, dit ce savant commentateur, embaument leurs corps afin que l'âme ne s'en sépare pas sitôt, pour passer dans un autre corps. C'est pour conserver les corps incorruptibles qu'ils avaient inventé ces précieuses compositions dont ils les embaumaient, et qu'ils leur ont bâti de superbes monuments plus magnifiques que tous leurs palais. Ce fut pour cette même raison que les rois de Thèbes en élevèrent de pareils qui ont bravé tant de siècles ; et Diodore de Sicile nous apprend qu'il paraissait par les commentaires sacrés des Égyptiens que l'on comptait quarante-sept de ces superbes tombeaux, mais qu'il n'en restait plus que dix-sept du temps de Ptolémée Lagus. Ces tombeaux que vit Strabon, proches de Syène dans la Haute-Égypte, avaient été bâtis pour la même fin.
Longtemps après le règne des premiers rois de Thèbes, ceux de Memphis s'étant trouvés les maîtres et ayant la même croyance sur la résidence des âmes auprès des corps, élevèrent ces superbes pyramides qui font encore aujourd'hui l'admiration des voyageurs. Les Égyptiens de moindre condition, au lieu de pyramides, faisaient creuser pour leurs tombeaux de ces caves qu'on découvre tous les jours, et dans lesquelles on trouve des momies.
Si l'on cherche la raison de la figure qu'on donna aux pyramides, on trouvera sans peine qu'elles furent bâties de la sorte parce que, de toutes les figures qu'on peut donner aux édifices, celle-là est la plus durable, le haut ne chargeant point le bas, et la pluie qui ruine ordinairement les autres bâtiments ne pouvant nuire à des pyramides, parce qu'elle ne s'y arrête pas. Peut-être aussi qu'ils ont voulu par là représenter quelques-uns de leurs dieux ; car alors les Égyptiens représentaient leurs divinités par des colonnes et par des obélisques. Ainsi nous voyons dans Clément Alexandrin que Callirhoé, prêtresse de Junon, mit au haut de la figure de sa déesse des couronnes et des guirlandes ; car dans ce temps-là, les statues des dieux avaient la figure de colonnes ou d'obélisques. Pausanias dit que dans la ville de Corinthe, Jupiter Melichius était représenté par une pyramide, et Diane par une colonne.
Source : Google Books

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