dimanche 7 juin 2009

Quand l'Égypte ancienne inspire le Neuvième Art

 
Que les spécialistes en archéologie et en égyptologie qui me font l'honneur de consulter ce blog ne m'en veuillent pas, mais j'ai la faiblesse de penser que même sur les sujets les plus sérieux, la BD peut jouer un rôle d'information.
Un récent album des Voyages d'Alix consacré aux temples et sanctuaires de l'Égypte (*) m'apporte la preuve que certaines connaissances dûment structurées peuvent être relayées par le Neuvième Art, à l'écart, certes, des subtilités d'une démonstration savamment élaborée, mais également sans que pour autant soit dénaturé l'essentiel du cheminement scientifique.
Dans son introduction à l'album, Jacques Martin écrit :"Le mode de construction [de la pyramide de Khéops] n'est toujours pas défini, deux écoles s'affrontant à ce sujet, celle des archéologues égyptiens qui croient en des rampes entourant le bâtiment et celle de certaines écoles occidentales qui croient en une longue rampe continue. Pour ce qui me concerne, je pense que cette dernière solution paraît très hypothétique étant donné la longueur ahurissante de plusieurs kilomètres qu'il aurait fallu pour achever la grande pyramide de [Khéops], cela sans en trouver aucune trace de nos jours."
Dans la dizaine de pages illustrant le site de Guizeh, les auteurs apportent quelques commentaires supplémentaires :"Aujourd'hui encore, les questions restent ouvertes quant à la méthode utilisée par les bâtisseurs pour entasser les quelque 2 millions de blocs de la pyramide, dont les grosses pierres de calcaire local du centre du monument, celles de calcaire fin du parement et les énormes monolithes de granit des chambres funéraires et de décharge. Il semble acquis que le système des rampes (ou de la rampe unique) a été utilisé pour hâler les pierres à leur emplacement, mais quelle forme avait-elle, la question reste posée. Il semble toutefois que l'hypothèse de la rampe unique et axiale a la faveur de nombreux spécialistes, et récemment encore, l'hypothèse d'une rampe intérieure est apparue."
Puis, "faute de preuves concrètes", est proposée une planche d'illustrations présentant plusieurs formes de rampe (frontale, enveloppante, tournante, en lacets, intérieure), laissant le lecteur à son propre choix... même si d'autres illustrations privilégient l'hypothèse de la rampe enveloppante.
Compte tenu des inévitables raccourcis ou approximations propres à la BD (c'est la première fois que je vois mis face à face les archéologues égyptiens et les égyptologues occidentaux dans leurs positions si étrangement contrastées), on ne peut passer sous silence un tel support de vulgarisation des connaissances "scientifiques", reflet à sa manière des divergences et hésitations que les spécialistes sont les premiers à admettre dans leurs propres rangs.
(*) Les Voyages d'Alix - L'Égypte (3), par J. Martin, R. Morales et L. Palmisano, Casterman, 2009, 58 pages

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