dimanche 1 novembre 2009

"Les architectes de pyramides se référaient-ils à l'astronomie ?"

Le texte qui suit est repris des bulletins économiques édités par le ministère des Affaires étrangères et européennes.



Illustration extraite de Wikipédia 
(Sopdet surmontée d'une étoile, personnification de Alpha Canis Majoris chez les Égyptiens)


Les architectes de pyramides se référaient-ils à l'astronomie ? Voici la question que s'est posée Juan Antonio Belmonte, de l'Institut d'Astrophysique des Canaries et déjà connu pour ses travaux sur Petra, pendant ces cinq dernières années.
En effet, cet archéoastronome, aidé par son homologue égyptien Mosalam Shaltout, a passé en revue l'orientation de quelque 330 temples de l'Égypte Antique, localisés dans la vallée, le delta et les oasis du Nil, ainsi que dans la région du Mont Sinaï. Plus précisément, ils se sont intéressés aux orientations prises de l'intérieur vers l'entrée des temples. Et contrairement à la majorité des égyptologues qui considèrent traditionnellement que ces temples ont été construits selon l'axe du Nil, Belmonte et Shaltout ont découvert qu'ils ont été positionnés selon l'une ou l'autre de trois orientations astronomiques : cardinale, solaire et stellaire. Dans le premier cas, il s'agit essentiellement de l'orientation des temples sur un axe nord-sud qui devait être déterminé grâce à l'observation de certaines configurations d'étoiles au nord (en particulier celles de la constellation de Meskhetyu [1]). En ce qui concerne l'orientation solaire, elle devait être associée à des périodes importantes du cycle annuel des saisons comme celle du nouvel an (Wepet Renpet [2]), ou celles de semis ou de récoltes. Enfin, l'orientation stellaire consistait en réalité en l'alignement avec les deux étoiles les plus brillantes du ciel de l'époque : la fameuse Spodet (actuellement dénommée Sirius et très importante dans l'Égypte Antique) ainsi que l'étoile Canopus, dont le rôle économique, religieux ou social reste pour l'instant inconnu.

Ces trois orientations sont en fait en accord avec des dessins et hiéroglyphes retrouvés sur les murs de certains temples, et dont la signification avait été négligée jusque là, faute de réelles évidences. Ces épigraphes suggéraient l'utilisation de l'astronomie dans l'architecture de ces monuments, en citant notamment "l'extension de la corde" durant laquelle le pharaon marque l'alignement du futur temple avec une ficelle. L'ensemble de ces découvertes et conclusions illustre parfaitement l'hypothèse de l'équipe égypto-espagnole qui suggère que les égyptiens scrutaient en permanence le ciel pour trouver leur orientation correcte, non seulement dans le temps, mais aussi dans l'espace, et ceci dans un effort permanent d'accomplir le premier devoir de pharaon : garder Mâat [3], la déesse de la paix et de l'équilibre du Monde, sur la Terre.

1] Meskhetyu : il s'agit en fait de la constellation de la Grande Ourse.
[2] Wepet Renpet : de l'ancien égyptien, "Mes-en-ra", littéralement "Naissance de Rê", on parle également de Mésori ou Mesore. Le Wepet Renpet correspond au quatrième mois de la troisième et dernière saison du calendrier nilotique, le " Shemou ". Li s'agit du mois de la récolte (et de la taxation), juste avant la crue du Nil.
[3] Mâat : déesse de l'ordre, de l'équilibre du Monde, de l'équité, de la paix, de la vérité et de la justice, son élément est l'air et son attribut est une "plume-nom". Soeur mystique de pharaon, elle est à la fois mère, fille et épouse de Rê (le dieu du soleil). De plus, le premier devoir de pharaon est de faire respecter la loi de Mâat dans toute l'Egypte afin de la garder sur Terre.

Texte repris de
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60961.htm

Pour en savoir plus :
- Juan Antonio Belmonte - Instituto de Astrofisica de Canarias - C/ Via Láctea, s/n - 38205 La Laguna (Tenerife) - Espagne - Tél: +34 922 605 265 - Email: jba@iac.es

Source :
-
"An astronomical approach to the orientation of the temples in ancient Egypt" - Juan Antonio Belmonte, Mosalam Shaltout - Advances in Space Resarch - (2009), doi:10.1016/j.asr.2009.03.033.
- "Seeking starlight: dreams of transcendentalism, mystery and imagination" - Juan Antonio Belmonte - Conférence Starlight 2007.
- FECYT, 10/09/09


Rédacteur :
-Anne-Laure Fize, chargée de mission, service-scientifique@sst-bcn.com

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