jeudi 17 décembre 2009

Autres temps, même technique

Dans le Journal of Egyptian Archaelogy, vol. 30, décembre 1944, un article signé J.E.G. Harris (un colonel anglais ?) décrivait une méthode de construction de "pyramides" en ballots de paille tout en suggérant un rapprochement possible avec les techniques mises en œuvre par les bâtisseurs des pyramides de l'Égypte antique.
Merci à Jean-Pierre Houdin de m'avoir transmis ce texte (que lui a adressé Jon Bodsworth en février 2008) et de m'avoir autorisé à reproduire l'illustration ci-dessous. Cette photo a été prise au Caire par Bulle Plexiglass en janvier 2006. Elle représente un "massif d'essai de charge" construit provisoirement sur un chantier au droit des fondations d'un futur poteau en vue de tester la résistance du sol. La technique de construction de cet édifice provisoire rappelle la construction de pyramides en ballots de paille de riz à la Société Nationale des Papiers d'Aboukir.



"Lors de ma récente visite à la Société Nationale du Papier à Aboukir, près d'Alexandrie, j'ai vu plusieurs pyramides, de 40 à 50 pieds de haut, construites en ballots de paille de riz. La paille de riz est l’une des principales matières premières de cette importante usine et de grandes quantités doivent être stockées prêtes à l'emploi pour la fabrication des différentes qualités de cartons. Comme nous passions près de ces pyramides, j'ai remarqué qu'il y avait une entrée d'environ 4 ou 5 pieds de large et 6 ou 7 de haut sur un côté de chaque pyramide. J'ai demandé au directeur, M. Donald Parkin, si c'était l'entrée d'un abri dans lequel les ouvriers prenaient leur repos, mais il m’a dit que c'était par ces entrées que les ballots étaient transportés pour la construction de ces pyramides, qui ont été construites de l’intérieur. J'ai donc fait un examen plus approfondi et j’ai constaté que ce qui ressemblait à une petite chambre était en fait un passage ou un tunnel en pente menant droit à l'intérieur de la pyramide. Apparemment, dans la construction de la base de la pyramide, une ouverture est laissée dans un côté et un passage en pente est construit à partir de cette ouverture pratiquement jusqu’à l'autre côté de la pyramide. Tous les ballots sont transportés grâce à cette rampe interne (qui a une pente d'environ 20 °) et la construction de la pyramide est poursuivie depuis l'intérieur. Lorsque la structure a dépassé d'environ 6 ou 7 pieds le dessus du plancher du passage, quelques traverses en bois ou en fer sont placées au-dessus de ce passage, un toit étant alors formé au moyen de ballots qui feront partie de la couche suivante. Le résultat est un tunnel en pente traversant la partie inférieure de la pyramide. Le passage fait alors demi-tour à un angle aigu jusqu'à ce que la couche suivante de la pyramide soit construite, puis il est à nouveau couvert. Cela va jusqu'à ce que le sommet de la pyramide soit atteint, toute la construction ayant été effectuée en transportant les ballots par cette rampe, ou tunnel en zigzag, qui ressemble à un escalier interne, sans aucune marche. M. Parkin m'a informé que c'était la méthode de construction propre aux ouvriers égyptiens ; on leur a uniquement demandé d'empiler les ballots. Sans s’en rendre compte, ont-ils adopté une certaine méthode traditionnelle, héréditaire, de construction qui aurait traversé les siècles depuis la construction des pyramides ? Cela ne jette-t-il aucune lumière sur au moins l'une des méthodes par lesquelles ces énormes monuments furent construits ? On verra que la méthode est beaucoup plus économique en main-d’œuvre et en matériaux que celle qui repose sur des rampes extérieures, rampes qui auraient dû atteindre d'énormes dimensions. Je suis curieux de savoir si cette suggestion est nouvelle pour les archéologues égyptiens." (traduction Jean-Pierre Houdin)

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