jeudi 25 février 2010

Les pyramides d'Égypte, vues par Murtada Ibn al-Khafîf (c. 1200) - I


L'ouvrage L'Égypte de Murtadi, fils du Gaphiphe, où il est traité des pyramides, du débordement du Nil, et des autres merveilles de cette Province, selon les opinions et traditions des Arabes, édité en 1661, sera présenté, dans ce blog, en deux parties.

La seconde partie comportera des extraits du livre de Murtada Ibn al-Khafîf, écrivain arabe du XIIIe siècle (étrangement traduit par "Murtadi, fils du Gaphiphe"). Il y sera exclusivement question, conformément au contenu de ce blog, des pyramides égyptiennes.

La traduction du livre de Murtada Ibn al-Khafîf est ici celle de Pierre Vattier (1623-1667), docteur en médecine, lecteur et professeur du Roi en langue arabique, sur un manuscrit arabe tiré de la bibliothèque de feu Monseigneur le Cardinal Mazarin.

Pierre Vattier introduit l'ouvrage par une Épître au Roi, dans laquelle il écrit notamment :

"Les Pyramides d'Égypte ont été admirées depuis tant de siècles que l'on n'en peut déterminer le nombre ; et ceux qui les voient aujourd'hui n'en sont pas encore moins surpris que si elles avaient été bâties de notre temps.
(…) Votre Majesté fera (…) cesser alors l'admiration des Pyramides par un ouvrage tout autrement grand et important qui sera, si nos vœux sont exaucés et nos espérances accomplies, le détournement du cours de ce fleuve [le Nil] par le moyen duquel elle ravira ses fécondes eaux à l'Égypte, jusques à ce que les infidèles, qui la possèdent aujourd'hui, l'aient abandonnée, pour les lui rendre ensuite, quand elle sera en état d'être cultivée par de plus dignes et légitimes possesseurs.
"

Puis, dans la longue préface à sa traduction, Pierre Vattier donne sa propre lecture des pyramides, en recourant à certaines interprétations, sans nul doute en vigueur à son époque, mais que l'on peut qualifier aujourd'hui de quelque peu hasardeuses :

"Les Pyramides, dont il y est plusieurs fois parlé [dans le livre de Murtada Ibn al-Khafîf], sont exprimées en arabe par deux noms, dont l'un est Birba, que j'ai retenu en plusieurs endroits ; et l'autre Haram. Le mot de Birba, et en pluriel Barabi, est peut-être corrompu de Pyramis. Quoi qu'il en soit, notre auteur appelle ainsi, ou les Pyramides en général, ou les moindres seulement, à l'exclusion des plus grandes, auxquelles il donne particulièrement l'autre nom, qui est Haram, et qui signifie en arabe un vieux bâtiment.

Monsieur Thévenot nous a donné dans la première partie de ses recueils une description très exacte de ces grandes Pyramides, faite par un Anglais qui les a vues de notre temps, et considérées à loisir, suivant laquelle ces édifices sont composés d'un certain nombre de plates-formes carrées mises l'une sur l'autre, toutes égales en épaisseur, mais dont la supérieure est perpétuellement moins longue et moins large que son inférieure, et posée justement au milieu d'elle ; les différences de longueur et largeur étant partout égales entre elles, aussi bien que les profondeurs ou épaisseurs, de sorte que toute la Pyramide n'est autre chose qu'une pointe carrée émoussée, dont les quatre côtés sont des degrés, et l'extrémité supérieure est la moins longue et moins large de toutes les plates-formes qui la composent ; ce qui témoigne à mon avis qu'il y a eu autrefois quelques colosses ou quelques obélisques posés dessus comme sur leurs piédestaux ; suivant ce qu'Hérodote dit expressément des deux bâties au milieu du lac de Mœris.

La hauteur de chaque Pyramide est égale au côté de sa base, suivant le même Hérodote, qui donne à celle de Chéops huit cents pieds de long, autant de large, et autant de haut, si bien qu'elle est comme inscrite dans un cube, et couvre de sa base près de sept acres de terre à notre mesure de Normandie, c'est-à-dire plus de treize arpents, étant toute bâtie de pierre de taille, dont la moindre pièce est de trente pieds.
"

Deuxième partie

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