mercredi 23 mars 2011

“Les pyramides égyptiennes étaient de gigantesques projets de travaux publics” (James E. McClellan et Harold Dorn)

James E. McClellan III et Harold Dorn sont professeurs d’histoire à la Faculty of the College of Arts and Letters, du Stevens Institute of Technology (New York)
Dans leur ouvrage commun Science and technology in world history - an introduction, 2d edition, 2006, ils consacrent un chapitre aux “Pharaons et ingénieurs”.
J’ai extrait de ce chapitre ce qui concerne les pyramides égyptiennes et en propose le résumé suivant :
- la construction des pyramides a fait appel à des connaissances pratiques en mathématiques, “à la fois élémentaires et pas si élémentaires que cela” ;
- les pyramides égyptiennes doivent être considérées tout d’abord comme des “étonnantes performances d’ingénierie” ;
- “les techniques de construction des pyramides sont maintenant bien connues. Excepté le possible emploi de machines à contrepoids pour hisser les blocs de pierre, aucune nouvelle technique de construction, comparativement à celles que l’on utilisait à la période néolithique, n’a été développée [pour la construction des pyramides].”
- la fonction funéraire des pyramides est irréfutable, selon le ratio “une pyramide pour un pharaon”. Il y a toutefois un problème ! Au moins à certaines périodes, le nombre des pyramides excédait celui des pharaons, plusieurs pyramides ayant été construites simultanément par un même pharaon. “La plupart des vraies pyramides sont apparues en à peine plus d’un siècle entre la fin de la 3e Dynastie et les débuts de la 4e. En quatre générations, de 2834 à 2722 BC (112 années), six pharaons ont construit treize pyramides. En clair, autre chose que la simple sépulture des pharaons est à prendre en compte pour expliquer l’extraordinaire phénomène socioculturel des pyramides égyptiennes.”
- pour expliquer, d’un point de vue “ingénierie”, la construction plus ou moins continue des pyramides, à leur âge d’or, sur la rive ouest du Nil, on peut y voir une activité poursuivie pour elle-même, comme une application de l’art de gouverner (“an activity pursued in its own right as an exercise in statecraft”). Les premières pyramides de cette sorte peuvent ainsi être considérées comme de gigantesques projets de travaux publics permettant à la fois de mobiliser la population rurale durant sa période d’inactivité dans les travaux agricoles, de la former aux techniques de construction et de “renforcer l’idée et la réalité de l’État dans l’ancienne Égypte”. Toute la population ne pouvant être employée simultanément sur un seul chantier de construction, notamment dans l’ultime phase ne faisant appel qu’à une petite quantité d’ouvriers plus spécialisés, un autre chantier était mis en route alors que le précédent n’était pas encore terminé.
Les pyramides étaient de gigantesques projets de travaux publics et représentaient un immense chantier continu. Le décès d’un pharaon ne posait aucun problème logistique particulier : pour sa sépulture, on utilisait l’une des pyramides achevées.


Pour consulter l’intégralité de ce chapitre :
- sous Internet Explorer, suivre le lien suivant (consulter les pp. 42-46) : ICI
- sous Firefox : lecteur ci-dessous, proposé par Google Books