lundi 26 novembre 2012

“Les dimensions et les formes apparentes" des pyramides de Guizeh, selon Henri Joseph Gisquet (XIXe s.)

Suite de notre découverte des pyramides égyptiennes, en compagnie de notre guide Henri Joseph Gisquet (1792-1866), à partir de son ouvrage L'Égypte, les Turcs et les Arabes, tome 2, 1848). Après Abousir et Saqqarah (note précédente de Pyramidales),
nous voici au plateau de Guizeh.
Pour commencer, reprenant le plan de visite qu’il s’est fixé lui-même, l’auteur se propose de nous entretenir sur “les dimensions et les formes apparentes” des trois pyramides majeures du site.
En préambule, on appréciera comme il se doit les quelques précisions qu’Henri Joseph Gisquet croit bon de mentionner pour justifier sa démonstration : il entend “asseoir” sa propre opinion “bien plus que (...) combattre celles émises par tant d'hommes éclairés”. Et de poursuivre :”Je soumets humblement mes remarques et mes doutes aux personnes qui voudront bien me lire.”
Belle déclaration d’intention, en effet. Mais il ne semble pas qu’elle tienne la distance. En tout cas, avant d’exposer ses propres observations, l’auteur prend bien soin de faire place nette en écartant quelques “erreurs” dont furent notamment coupables, après Hérodote, les Ader, Goupil-Fesquet et même Champollion-Figeac.
Autres temps, mais pas toujours autres mœurs...


“J'ai réservé, pour les réunir dans un chapitre spécial, mes observations sur les pyramides de Ghyseh.
Quelles en sont les dimensions et les formes apparentes ?
Quelle en est la construction intérieure ?
Quels en sont les fondateurs ?
Quelle était leur destination ?
Tels sont les points sur lesquels, pour asseoir mon opinion bien plus que pour combattre celles émises par tant d'hommes éclairés, je soumets humblement mes remarques et mes doutes aux personnes qui voudront bien me lire.
Disons d'abord que, sur le rocher où sont assises ces trois pyramides, il y en avait beaucoup de petites. J'en ai remarqué plus de vingt à moitié détruites ; les unes pouvaient avoir, quand elles étaient intactes, de huit à dix mètres de hauteur, d'autres m'ont paru plus grandes ; mais, en général, elles n'attirent pas l'attention des visiteurs et ne semblent placées là que pour établir un terme de comparaison avec leurs gigantesques voisines.

Un revêtement en pierres très dures, très polies : un “luxe architectural”
La première fois qu'on approche de celles-ci, on sent décroître l'impression qu'elles avaient fait éprouver de loin ; leur forme inclinée les abaisse et les dissimule à l'œil. Il faut aller à plusieurs reprises au pied de ces montagnes factices pour être frappé d'étonnement et d'admiration.
Elles avaient un revêtement en pierres très dures, très polies et tellement bien jointes que les faces de ces monuments étaient unies comme une glace ; on en peut juger par ce qui en reste à la partie supérieure de l'une des trois pyramides, la deuxième en grandeur. Si l'on réfléchit à la difficulté de tailler, d'élever jusqu'à cent cinquante mètres de hauteur, et d'ajuster les blocs granitiques dont le revêtement était composé, et si l'on fait attention que les quatre faces de la plus grande pyramide ont au moins quarante mille mètres carrés, l'on conviendra que cette seule couche ajoutée comme ornement était une entreprise immense à laquelle la construction entière du Louvre ne saurait être comparée. Pourtant ce n'était là qu'un accessoire, qu'un léger voile jeté sur l'édifice. Calculez alors quels effrayants travaux la masse totale a exigés.
Il ne reste pas un seul lambeau de ce brillant épiderme sur la grande pyramide, ni sur la petite ; la moyenne seule en conserve, comme je l'ai dit, un précieux fragment. Sans doute la richesse de la matière a tenté les démolisseurs ; ils ont arraché pièce à pièce les matériaux qui le formaient et avec lesquels on aurait pu bâtir un palais aussi grand que celui de Versailles.
Quand Hérodote a vu les pyramides, elles étaient encore intactes ; on comprend alors pourquoi il dit qu'elles sont faites de pierres polies, parfaitement jointes ensemble, et dont il n'y a pas une qui ait moins de trente pieds. Hérodote a pensé que tout l'intérieur ressemblait à la surface. Si les pyramides s'étaient montrées à ses yeux dépouillées comme elles le sont, il n'aurait pas pu s'exprimer de la sorte, puisque l'inspection la plus superficielle fait aisément
reconnaître que les assises, posées horizontalement, sont de pierres taillées, mais non pas polies, et que fort peu d'entr'elles ont plus de quatre à cinq mètres de longueur. Ses explications ont cependant un côté utile : elles nous révèlent la richesse et la beauté de la robe éblouissante que les pyramides étalaient aux regards.
Mais je pense que ce luxe architectural était particulier à celles dont je m'occupe, du moins j'ai cru reconnaître que la plupart des autres n'avaient pas eu de revêtement.

Trois, et non quatre pyramides sur la “colline” de Guizeh
La colline qui porte les pyramides de Ghyseh est élevée d'environ cent vingt pieds au-dessus de la plaine de l'Égypte, de cent quarante-trois au-dessus de la Mer Rouge, et de cent soixante-treize au-dessus de la Méditerranée. Elle occupe l'extrémité nord de la chaîne Lyrique ; laquelle, en cet endroit, s'abaisse en pente accidentée en face du Delta, et fait un coude vers le nord-ouest pour encaisser la vallée des lacs de Nahon et celle du fleuve sans eau.
Ces pyramides sont au nombre de trois ; c'est une chose que tout le monde sait. L'on ne peut donc attribuer qu'à une distraction l'erreur commise par M. Ader, dans sa relation de la campagne d’Égypte, quand il avance qu'il y en a quatre. M. Goupil-Fesquet parle aussi d'une quatrième pyramide ayant cent pieds de moins que les autres et terminée par une plate-forme. Il ajoute que : la tête du fameux sphinx élève un front mutilé à trente pieds environ au-dessus du sol, non loin de Cephrennes (deuxième pyramide) en descendant imperceptiblement vers l'Ouest. Ce sont là des erreurs matérielles difficiles à expliquer en présence du grand nombre d'ouvrages qui contiennent une description exacte, et surtout difficiles à comprendre de la part d'un voyageur qui a vu, dessiné ou daguerréotypé les objets.

Autres erreurs
Mais je dois signaler d'autres erreurs bien plus extraordinaires eu égard au caractère des hommes qui les ont commises. M. Champollion-Figeac, après avoir fixé à 450 pieds, moins quelques pouces, la hauteur de la grande pyramide avant qu'elle fût tronquée, et sa base à 716 pieds pour chacune de ses quatre faces, lui trouve un volume de 1,440,664 toises cubes. Napoléon, dans une note écrite à Sainte-Hélène dont le fac-similé est joint à la sixième édition du voyage de Volney en Égypte, fixait ce cube total à 1,128,000 toises : ce qui, disait-il, fournirait des pierres pour une muraille de 4 toises de haut sur une de large pendant 563 lieues ou de quoi ceindre l'Egypte del Barathron à Sienne , à la Mer Rouge, et de Suez à Raphia en Syrie.
S'il y avait réellement 1,128,000 toises cubes de pierres, elles ne pourraient faire qu'une muraille de 141 lieues, aux conditions indiquées, puisque la lieue a 2,000 toises de longueur et qu'il faudrait conséquemment 8,000 toises par lieue. Mais la vérité est qu'en adoptant les bases de M. Champollion qui, je crois, sont trop étendues, la grande pyramide ne donnerait que 367,000 toises : ce qui ne ferait pas 46 lieues de murailles pareilles à celle que Napoléon a indiquée.
Le résultat serait encore moindre en admettant les bases d'après lesquelles l'immortel captif de Sainte-Hélène a fait ses calculs.
À cette occasion, l'on peut s'étonner que l'on ne soit pas encore positivement fixé sur les dimensions du monument le plus célèbre de l'univers. Il serait facile d'en mesurer la base : le moins instruit de tous les voyageurs ou de tous les Européens résidant au Caire pourrait donner cette satisfaction au monde savant, et nul ne songe à le faire. L'opération est pourtant bien simple : j'ai moi-même à me reprocher de n'avoir pas satisfait à cet égard la curiosité publique lorsque j'étais sur les lieux.
Les pyramides sont toutes quadrangulaires, et, en général, elles ont moins d'élévation que d'épaisseur. La plus grande de Ghyseh a un plan incliné qui produit un retrait assez considérable pour que les pierres de chaque assise fassent une saillie (relativement aux assises supérieures), qui permet de gravir le monument. M. de Chazelles qui l'a mesurée en 1693, lui donne 110 toises de diamètre, soit 660 pieds, et 77 toises 1/2, soit 475 pieds de hauteur perpendiculaire ; il en résulterait que le diamètre se réduirait de 8 pieds 1/2 environ par chaque toise d'élévation.
Mais d'après M. Champollion-Figeac, “la base a été mesurée à la ligne d'encastrement de la première assise, et elle a été reconnue longue de sept cent seize pieds et demi”, et la hauteur est évaluée à 450 pieds. Ces dimensions assurent une retraite de 9 pouces 1/2 par pied sur chacune des faces, d'où il suit qu'à la hauteur d'une toise l'épaisseur n'est plus que de 717 pieds 9 pouces : à 2 toises elle n'est plus que de 698 pieds, et ainsi de suite jusqu'au sommet qui produit zéro.
L'on compte, dit le même auteur, 203 assises ; la première repose sur le rocher même ; elle y est placée dans une ligne parfaitement dressée et creusée de 7 à 8 pouces 1/2 de hauteur. Le rocher forme un solide dont on n'a pas trouvé la base à 200 pieds de profondeur.
À sa surface, c'est un désert privé de toute espèce de végétation.

“Pourquoi donc aurait-on employé exclusivement des matériaux venus de cinq lieues de distance, tandis qu'on en trouvait de pareils sous la main ?”
L'on a récemment découvert dans les carrières de Torrah une inscription portant que les pierres qui en furent extraites servirent à la construction de l'une des pyramides de Ghyseh. Les renseignements fournis par Hérodote à cet égard reçoivent par là une confirmation ; mais il ne s'ensuit pas que les pierres enlevées du rocher qui sert de piédestal aux pyramides n'aient pas eu la même destination. Il n'existait aucune raison essentielle de préférence en faveur des pierres du Mokattan ; leur qualité est à peu près la même que celles des monts Libyens ; pourquoi donc aurait-on employé exclusivement des matériaux venus de cinq lieues de distance, tandis qu'on en trouvait de pareils sous la main ?
Je comprends très bien qu'on ait fait exploiter les carrières de Torrah en même temps que l'on
taillait, que l'on nivelait les rochers libyens ; c'était pour accélérer les travaux. Cent mille ouvriers ne pouvaient pas être occupés auprès des pyramides ; l'espace ne le permettait pas. On les divisait pour qu'ils pussent, sans encombrement, concourir tous au succès rapide de l'entreprise. Voilà pour quel motif on faisait venir des pierres de Torrah en même temps qu'on en préparait sur les lieux mêmes où elles étaient employées.
L'inspection de la colline où sont les pyramides ne permet pas de douter qu'on ne l'ait réduite par le travail dans toutes ses dimensions ; elle devait s'étendre plus loin et en pente douce vers la plaine de l’Égypte. On a coupé ses flancs à pic et creusé dans le roc le canal qui entourait le massif de la grande pyramide, car ce monument était dans une île. La petite vallée qui le sépare de la pyramide attribuée à Céphren fut le lit de ce canal ; on peut reconnaître sa direction quoique le sable ait presque nivelé le terrain. À cette époque, les eaux que déversaient les lacs de Memphis formaient un courant au pied de la montagne ; leur introduction dans le vallon dont il s'agit était dès lors une chose facile.
À l'égard de la chaussée qui aboutissait à la grande pyramide désignée ordinairement sous le nom de Chéops, on distingue encore un point où elle passait. Mais elle ne traversait pas la vallée du Nil.
(...)
Puisque la chaussée n'avait en longueur que cinq stades, ce qui ne représente pas tout-à-fait le cinquième d'une lieue, ce ne devait être qu'une espèce de rampe pour monter les pierres au sommet du rocher après qu'elles étaient arrivées par eau à une petite distance dans la plaine. Quant à la hauteur (8 orgyes, elle équivalait à 14 mètres 4/5, et la largeur (10 orgyes) à 18 mètres 1/2. J'indique ces chiffres pour les personnes qui n'auraient pas présent à la mémoire le rapport des mesures grecques avec les nôtres.

Cliché de John et Edgar Morton

“Il n'y a peut-être pas deux (pyramides) dans toute l'Égypte qui réunissent les mêmes conditions.”
J'ai signalé la diversité des opinions sur les dimensions de la pyramide de Chéops ; j'en fournirai une nouvelle preuve en rapportant les calculs de Jean Gravius : il a trouvé 693 pieds de base et seulement 409 de hauteur (Marsham).
De Chazelles affirme qu'elle est exactement orientée. C'est d'après son allégation que beaucoup d'auteurs ont dit la même chose. Si le fait est vrai, ce dont il serait permis de douter en l'absence d'une vérification rigoureuse, il s'ensuivrait que les quatre angles de l'édifice correspondraient exactement aux quatre points cardinaux. On a vu là une intention savante de l'architecte et une preuve que les pôles n'ont pas changé de position depuis trois ou quatre mille années.
Mais est-il bien certain que l'orientation soit telle qu'on le suppose ?
Pourrait-on en conclure que l'assiette actuelle du monument, relativement au pôle et à l'équateur, est la même que dans l'origine ? N'est-il pas possible que la coïncidence remarquée ne soit que l'effet d'un mouvement déjà opéré dans le pôle ?
Si les constructeurs avaient eut le but qu'on leur prête, n'auraient-ils pas placé les faces de la pyramide vis-à-vis des points cardinaux, au lieu de présenter les angles ?
Enfin si la science astronomique ou une pensée religieuse avait voulu se manifester dans une pareille disposition architecturale, pourquoi donc les autres pyramides ne seraient-elles pas orientées de la même manière ? Il n'y en a peut-être pas deux dans toute l'Égypte qui réunissent les mêmes conditions.
De tout cela ne peut-on pas conclure ou que le fait n'est pas exact, ou qu'il s'est produit après coup ? Et que, dans tous les cas, il ne prouve rien contre le déplacement de la ligne équinoxiale.

“La quantité d'oignons mangés serait-elle donc un titre à l'immortalité que les Pharaons ambitionnaient ?”
Hérodote a vu sur cette pyramide des caractères égyptiens ; il en demanda l'explication ; on lui répondit qu'ils indiquaient le total de la dépense pour les ouvriers, en raiforts, en oignons et en aulx !
Si de graves écrivains n'avaient pas accepté cette explication et ne l'eussent pas répétée sérieusement, je me permettrais de dire que l'interprète dont Hérodote rapporte les paroles, a voulu se moquer de son interlocuteur. Je ne saurais croire qu'après avoir terminé l'œuvre la plus gigantesque qui soit jamais sortie de la main des hommes, les Égyptiens aient gravé ces ignobles détails sur le front de la pyramide On ne voit rien de semblables dans les autres monuments, et partout on peut lire des épigraphes ou des dédicaces dignes de la nation qui créa tant de chefs-d'œuvre, et capables de rehausser la gloire des fondateurs. La quantité d'oignons mangés serait-elle donc un titre à l'immortalité que les Pharaons ambitionnaient ?
Hérodote ne parle que de cette inscription relative aux légumes consommés ; son silence est une forte présomption qu'il n'en existait pas d'autres.
Cependant Rollin et de Ségur déclarent que les pyramides étaient couvertes de figures hiéroglyphiques.
Ils se trompent ; j'en fournis comme preuve le revêtement que conserve encore intact celle de Céphren sur une hauteur de 122 pieds : cette belle surface ne contient aucun hiéroglyphe.
Si, comme on vient de le voir, l'on n'est encore fixé qu'imparfaitement sur la hauteur et le diamètre de la grande pyramide, on l'est encore moins à l'égard des deux autres. Belzoni, qui en 1808 fit  ouvrir la seconde, est, je crois, le seul qui l'ait mesurée ; ses calculs sont chiffrés en pieds anglais qui, réduits en mètres, donnent 208 mètres 1/2 d'épaisseur et 139 d'élévation.
À l'égard de la troisième, personne n'en a fait connaître les dimensions ; donc, tout ce que je puis en dire, c'est qu'elle est beaucoup plus petite que ses deux sœurs.

Cliché de 1908 - auteur inconnu

La constitution “physique” des pyramides
Notons ici les remarques judicieuses qu'ont faites de Paw et Dupuis ; elles se rattachent aux formes extérieures, à la constitution physique des pyramides : de Paw assure que pendant une moitié de l'année, quand le soleil parcourt l'hémisphère boréal, elles ne projettent point d'ombre à midi au-delà de leurs bases. C'était un honneur rendu au soleil; c'était l'indice de son triomphe sur les ténèbres durant la période des longs jours. Les Égyptiens, par dévotion, voulaient que l'ombre se cachât sous les corps en présence de l'astre bienfaisant, au moment de sa plus grande puissance.
Dupuis, raisonnant d'après les mesures de la pyramide de Chéops, telle que de Chazelles les a données, démontre parfaitement qu'elle ne pouvait pas avoir d'ombre à midi dès que le soleil se trouvait perpendiculaire à l'équateur, et pendant les six mois d'été ; ses démonstrations scientifiques sont trop longues pour que je les reproduise, mais elles résolvent cette question de la manière la plus évidente.
Poursuivant ses argumentations, Dupuis a prouvé qu'une pyramide représente exactement une demi-sphère à laquelle on aurait taillé quatre faces triangulaires équilatérales. En effet, si les quatre faces ont chacune 110 toises, la moitié de la ligne tirée diagonalement d'un angle à l'autre, sera de 77 toises 3/4, somme égale à la hauteur perpendiculaire ; si l'on remplissait les faces pour arrondir le monument à la base jusqu'à la limite fixée par les angles, on obtiendrait un cercle dont tous les points seraient à 77 toises 3/4 du centre aussi bien que le sommet. Donc, alors, on aurait une moitié de globe.
“Une pyramide ainsi construite et placée à la latitude de Memphis, doit à midi cesser de rendre des ombres quatorze jours avant l'équinoxe du printemps, et commence de nouveau à en projeter à midi, quatorze jours après celui d'automne. Donc le jour où le soleil se trouvait dans le parallèle ou cercle de déclinaison australe, qui répond à 5 degrés 15 m. de déclinaison, ce qui arrivait deux fois l'an aux environs des équinoxes, il passait exactement à midi sur le sommet de la pyramide et son disque, pendant quelques instants, placé comme sur un piédestal, paraissait s'y réposer aux yeux de l'observateur ou de l'adorateur d'Osiris, agenouillé au bas de la pyramide, et qui prolongeait sa vue le long de la face boréale, pour y voir son dieu. J'en dirai autant de la pleine lune des équinoxes lorsqu'elle arrivait dans ce même parallèle.
Il semblerait que les Égyptiens eussent conçu le projet le plus hardi qui fût jamais, celui de donner un piédestal au soleil et à la lune, ou à Osiris et à Isis, etc.” (Dupuis.)
Lucain, frappé comme Dupuis du rapport qui existait entre les formes des pyramides et les
dogmes religieux des Égyptiens, les appelle les sublimes autels des dieux : et un Arabe disait : “Elles sont venues à bout du temps qui vient à bout de tout.”


Source : Gallica
À suivre