mercredi 26 décembre 2012

“Les pyramides de Sakhara sont regardées comme plus anciennes que celles de Gizéh, parce qu'elles sont dépourvues de toute inscription, même hiéroglyphique” (Jean-Baptiste Joseph Breton - XVIIIe-XIXe s.)

Étrange élément de comparaison entre les pyramides de Guizeh et celles de Saqqarah que cette référence à d’hypothétiques inscriptions !
L’égyptologie scientifique n’a enregistré, en fait d’indications peintes sur la pierre de ces monuments, que le cartouche de Khoufou dans l’une des “chambres de décharge” de la Grande Pyramide. Tout autre complément n’est que conjecture non certifiée de la part d’auteurs arabes, qui ont inspiré Jean-Joseph Marcel, dans son ouvrage Palaeographie arabe (1828), auquel fait référence Jean-Baptiste Joseph Breton, dit de la Martinière (1777-1852) dans son livre d’où est extrait le texte ci-dessous : L’Egypte et la Syrie, ou moeurs, usages, coutumes et monuments des Égyptiens, des Arabes et des Syriens. Précédés d’un précis historique. Ouvrage orné de quatre-vingt-quatre planches dont une partie a été exécutée d’après des dessins originaux et inédits, et l’autre d’après l’ouvrage de Louis Mayer ; accompagné de notes et éclaircissements fournis par M. Marcel, Directeur de l’Imprimerie impériale, membre de la commission d’Egypte.
Cet ouvrage a précédemment fait l’objet de deux autres publications dans Pyramidales :
- “Pour diriger de pareils travaux, il ne fallait guère moins de génie que de persévérance” (Jean-Baptiste Joseph Breton - XVIIIe-XIXe s. - à propos de la construction des pyramides égyptiennes)
- La “narration fidèle et même naïve d'un témoin oculaire” de la Grande Pyramide, reprise par Jean-Baptiste Joseph Breton (XVIIIe-XIXe s.)



“Les Pyramides de Sakhara, plus anciennes, dit- on, que celles de Gizéh, n'ont pas aussi souvent fixé les regards des curieux, parce qu'elles sont moins imposantes par leur masse, et composées de matériaux moins précieux. Quelques-unes sont en briques, et presque toutes se trouvent dans un état horrible de dégradation.
D'ailleurs, ces monuments sont fort éloignés du Caire, et l'on n'y arrive qu'après avoir surmonté beaucoup d'obstacles. Ils s'élèvent sur un plateau qui peut avoir cinquante pieds au-dessus de la plaine.
La pyramide la plus considérable a deux cents pieds environ de base apparente. Sa forme est celle d'une console carrée renversée ; ses arêtes sont figurées par des courbes mixtes dont la moitié inférieure forme une saillie convexe, et la moitié supérieure une rentrée concave.
La seconde est de forme carrée et semble approcher en hauteur de la troisième pyramide de Gizéh. Il s'y trouve une ouverture conduisant à une galerie dont la descente n’est pas très rapide, mais il est presque impossible de s'y frayer un passage à travers le sable et les monceaux de décombres.
Pietro della Valle, célèbre voyageur, qui visita ces monuments en 1615, ne trouva aucun indice de sarcophage, soit qu'il n'y ait jamais existé de cercueils, soit qu'ils aient été enlevés ou mis en pièces.
Ces monuments de Sakhara s'étendent jusqu'à Médoun. La pyramide qui porte ce nom est la plus méridionale ; elle est composée de quatre assises, dont chacune a vingt-deux pieds de hauteur verticale. Ce qui lui donne une perspective assez majestueuse, c'est qu'elle s'élève sur une colline coupée elle-même en pyramide tronquée. Les habitants l'appellent, par ce motif, la Fausse Pyramide.
Les autres pyramides intermédiaires, répandues dans la plaine de Sakhara, attirent encore moins les regards que celles dont nous venons de parler. Quelques-unes sont construites par étages et par assises verticales. Les noms de leurs fondateurs sont ignorés.
Les pyramides de Sakhara sont regardées comme plus anciennes que celles de Gizéh, parce qu'elles sont dépourvues de toute inscription, même hiéroglyphique.

Prétendues inscriptions en langue hémyarite
Les deux grandes pyramides de Gizéh, outre l'inscription en langue égyptienne qu'y a lue Hérodote, et qui lui a été expliquée par son conducteur, en offrait une autre que les auteurs arabes rapportent comme ayant été gravée en caractères anciens nommés Mousnad ou Hèmiary. M. Marcel rapporte le texte de cette inscription dans son extrait de la géographie de l'Egypte, par A'bd-êr-Rachyd el-Bàkouy. On y fait dire au fondateur des deux grandes pyramides : “Je les ai bâties toutes deux ; que celui qui voudra prouver sa puissance les détruise ! Il est pourtant plus aisé de détruire que d'édifier. Nous les avons revêtues d'une robe précieuse ; que celui qui le pourra les revête seulement de nattes !”
Quelle est cette langue Hémyarite, dans laquelle l'auteur arabe prétend qu'aurait été tracée l'inscription qu'il rapporte ?
“Le dialecte de Hémyar, dit M. Marcel dans une note, remonte à une origine fort ancienne, et les auteurs arabes assurent qu'il fut usité dans les temps les plus reculés, dès l'époque où les Arabes ont commencé à faire corps de nation.
“Il était l'idiome particulier des Omègyras de Plolémée, qui habitaient une portion de l'Arabie heureuse. Longtemps avant l'islamisme, les Hémyarites avaient déjà conquis une partie de l'Afrique où ils avaient établi leurs peuplades et répandu leur langage.
“Les Hémyarites avaient non seulement un dialecte propre à eux, mais une écriture qui leur était particulière. L'un et l'autre nous sont inconnus. Cette écriture portait le nom de Mousnad ; les lettres en étaient désunies, et très distantes l'une de l'autre.
“Il était défendu d'en donner connaissance aux familles des classes inférieures, et à aucun étranger, sans une permission spéciale du gouvernement.”
M. Marcel croit que les Arabes modernes ont bien pu confondre les hiéroglyphes de la pyramide avec l'écriture hémyarite depuis longtemps oubliée. Ces écritures offrent en effet un caractère commun : les signes sont détachés, tandis que dans l'arabe actuel, toutes les lettres du même mot sont liées et ponctuées.”
Source : Google livres