mercredi 31 mai 2017

“Les pyramides d’Égypte ont triomphé du temps et des barbares” (un Album du XIXe s.)

Extrait de l’ Album des villes et monuments les plus remarquables de l'Antiquité, 1844.
Aucune précision sur le rédacteur de cette publication trilingue, éditée par le libraire Delamare.
Illustration extraite de l'Album
Ces monuments gigantesques de l'Égypte étaient consacrés à la sépulture des rois et des animaux sacrés ; on y entrait par des ouvertures étroites plates à une certaine hauteur. Il y en avait trois plus célèbres que toutes les autres, celles de Chéops, de Céphrem et de Mycérinus, et l'une d'elles fut mise au nombre des sept merveilles du monde. Elles n'étaient pas fort éloignées de la ville de Memphis et furent construites vers le douzième ou treizième siècle avant J.-C.
La plus grande, celle de Chéops, était bâtie comme les autres sur un roc qui lui servait de fondement, avec des pierres d'une grandeur extraordinaire, dont les moindres étaient de 30 pieds, travaillées avec un art merveilleux et couvertes de figures hiéroglyphiques. Chaque côté avait 800 pieds de large et autant de hauteur ; le sommet de cette pyramide, qui d'en bas semblait se terminer en pointe, présentait une belle plate-forme dont chaque côté avait 16 pieds. Cent mille ouvriers travaillaient à cet ouvrage, et de trois mois en trois mois un nombre égal leur succédait.
Dix années entières furent employées à couper les pierres, soit dans l'Arabie, soit dans l'Éthiopie, et à les transporter en Égypte, et vingt autres années à construire ce vaste édifice dont l'intérieur offrait une infinité de chambres et de salles. On avait dépensé pour les poireaux, les oignons et autres légumes fournis aux ouvriers, plus de quatre millions et demi de francs ; ainsi le reste de la dépense doit avoir été énorme.
Telles étaient ces pyramides d’Égypte qui ont triomphé du temps et des barbares ; on trouve encore nombre de pyramides sur divers points de l'Égypte, notamment près de Méroé ; mais, quelque effort que fassent les hommes, leur néant paraît partout.
Les rois qui ont bâti ces monuments n'ont pu s'assurer une place dans ces pompeux tombeaux. Ils furent obligés de chercher une sépulture dans des lieux inconnus pour dérober leurs restes à la vengeance des peuples. Ils avaient assez mérité la haine de leurs sujets par les cruautés inouïes qu'il leur fallut exercer pour faire élever ces monuments mêmes qui devaient les immortaliser.


Ce même texte en anglais et en allemand : Gallica