mardi 4 décembre 2012

“Les pyramides et les obélisques traverseront tous les siècles” (Adriano Balbi - XVIIIe-XIXe s.)

Adriano Balbi (1782-1848) était un géographe italien, originaire de Venise en 1782.
Après avoir enseigné en Italie la géographie et la physique, il se rendit à Paris pour y publier ses travaux : un Atlas ethnographique du globe et un Abrégé de Géographie 1832), d’où j’ai extrait le texte que l’on lira ci-après.
Ce second ouvrage “se fit remarquer par la nouveauté du plan, l'abondance et l'exactitude des renseignements, et devint bientôt classique”. (Wikipédia)
Soit ! Mais il faut bien constater que la description des pyramides qui y est proposée se contente du strict minimum, avec toutefois un détail plusieurs fois rencontré dans le contenu de ce blog-inventaire : la mention d’une “quatrième pyramide” sur le plateau de Guizeh.
J’ai inséré, au terme de l’extrait choisi, quelques notes référant à des auteurs déjà présents dans Pyramidales... preuve, si besoin était, que ce blog permet de “boucler la boucle” d’un survol, aussi minutieux que possible, des écrits consacrés aux “plus grands monuments que les hommes aient jamais élevés”.

Route des pyramides, par G. Lékégian (18??-19??)
“Cette contrée, si puissante sous les Pharaons, si riche sous les Ptolémées et encore si importante sous les rapports historique et archéologique, va fixer pour quelques moments notre attention. C'est l'Égypte qui, mère des sciences et des arts, a instruit la Grèce, et c'est la Grèce qui a instruit les Romains pour nous instruire plus tard nous-mêmes.
Après avoir, pendant plus de mille ans, éclipsé les plus glorieux empires, après avoir, sous Sésostris, subjugué une grande partie de l'Ancien-Monde, elle a fini par devenir successivement le jouet des Perses, des Romains, des Arabes et des Turcs. La tyrannie et les fléaux qui l'accompagnent l'ont dépouillée de quelques-uns des titres de son antique gloire ; mais son nom seul ébranle encore l'imagination, et les souvenirs de Thèbes, de Memphis et d'Alexandrie, les noms du lac Mœris et du labyrinthe, les pyramides et les obélisques, traverseront tous les siècles. (...)
Dyzéh ou Gyzéh, sur la rive gauche du Nil, chef-lieu d'une préfecture, petite ville industrieuse, que quelques voyageurs regardent comme la plus agréable de toute l'Égypte, et que les pyramides qui portent son nom et une brillante victoire de Bonaparte ont rendue célèbre.
Ces immenses mausolées qui sont les plus grands monuments de ce genre que les hommes aient jamais élevés et dont l'origine remonte beaucoup au-delà des temps historiques, ont été depuis la mémorable expédition d'Égypte le sujet de savantes recherches de la part de M. Jomard et d'autres archéologues ; elles ne laissent plus aucun doute sur leur destination. L'intérieur de celles de Chéops et de Chephrènes, qui sont les plus grandes, offre de vastes chambres, dont les murailles sont formées de blocs immenses, et ont un sarcophage au milieu de la pièce principale.
Dans la pyramide de Chephrènes, qu'Hérodote prétendait n'avoir aucune chambre dans son intérieur, Belzoni, qui y pénétra le premier de nos jours, retrouva dans la grande salle, qui en occupe le centre, l'inscription faite par les Arabes qui l'avaient visitée dans le Moyen Âge, et un immense sarcophage avec des ossements qui furent reconnus avoir appartenu à un bœuf. La pyramide de Chéops est la plus grande de toutes ; sa hauteur, qui d'après les calculs erronés de Gemelli (1) aurait été de 520 pieds et de 480 selon l'estimation de Savary (2), n'est d'après les mesures exactes prises par la Commission d'Égypte que de 428 pieds 3 pouces 2 lignes.
Un sphinx colossal, le plus grand peut-être qu'on ait encore sculpté, puisqu'il aurait selon Pline 143 pieds de long, s'élève au pied de la pyramide de Chephrènes ; il a été pendant plusieurs siècles presque tout recouvert de sable, jusqu'à ce que l'entreprenant M. Caviglia le mît entièrement à découvert dans la partie antérieure ; avant cette longue et difficile opération, il n'en paraissait que le cou et la tête, qui ont ensemble 27 pieds de hauteur.
Sur le second doigt de la patte gauche de devant, M. Caviglia découvrit une inscription en vers grecs, à laquelle la signature d'Arrien ajoute un nouvel intérêt.
D'autres importantes inscriptions ont été découvertes, ainsi qu'un petit temple bâti à côté du sphinx et qui comme lui avait été jusqu'alors enseveli sous les sables.
La troisième pyramide qu'on attribue à Mycerinus, est beaucoup moins grande que les précédentes, mais elle les surpassait de beaucoup en beauté, ayant été toute revêtue en beau marbre de la Thébaïde, arraché par les Arabes afin d'orner d'autres édifices.
Non loin se trouve une quatrième pyramide de si petite dimension que sa hauteur est dépassée par beaucoup d'obélisques. 

Pyramide de Chéops, Sphinx et le temple de Chefra, par Pascal Sébah (1823-1886)
Toutes ces pyramides sont construites avec d'immenses blocs de pierres de taille ; la masse de la plus grande est évaluée à 6,000,000 de tonneaux.
Dans les environs on voit aussi plusieurs tumuli ensevelis sous les sables et visités intérieurement pour la première fois par M. Caviglia (3) ; leur intérieur offre de belles sculptures et des peintures remarquables par la vivacité de leurs couleurs ; M.Salt (4) regardait à tort ces tombeaux comme plus anciens que les pyramides.
Saqqarah ou Sakkara : village situé à la gauche du Nil, remarquable par son champ des momies, l'ancienne nécropolis de Memphis, et par ses pyramides qui sont en briques ou en pierre et les plus hautes après celles de Gyzéh ; M. Msara (5) a découvert d'immenses galeries sous la plus grande, et le général Minutoli (6) a pénétré en 1821 dans une autre, dans l'intérieur de laquelle il trouva deux chambres, une couverte de hiéroglyphes en relief et l'autre de hiéroglyphes seulement tracés en noir.”
Source : Google livres

(1) Sur cet auteur : note de Pyramidales ICI
(2) Sur cet auteur : note de Pyramidales ICI
(3) Voir nombreuses notes sur cet auteur dans Pyramidales ICI
(4) Sur cet auteur : note de Pyramidales ICI
(5) Je n’ai pas réussi à totalement identifier ce “chercheur”. Sa découverte a toutefois été mentionnée par le baron Taylor dans son ouvrage L'Égypte, par le R. P. Laorty-Hadji (1856) (note de Pyramidales ICI). Par ailleurs, Alexandre Dumas (1802-1870) , dans son ouvrage Quinze jours au Sinaï : impressions de voyage, mentionne un certain “monsieur Msara” qui était “interprète du consulat” et “ancien drogman des mameloucks de la garde”. Il est vraisemblable qu’il s’agit de la même personne.
(6) Sur cet auteur : note de Pyramidales ICI